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Livret A, LDDS, LEP : les évolutions de l'épargne réglementée

Après des années de collectes record, l’épargne réglementée en France montre des signes de ralentissement en 2025. 

 

La baisse des taux, la désinflation et les arbitrages des ménages vers d'autres placements expliquent cette tendance. Retour en chiffres sur cette normalisation avec le Livret A, le LDDS et le Livret d’Épargne Populaire (LEP).
 

Un Livret A en perte de vitesse, mais encore positif
Le Livret A a vu sa collecte nettement s’essouffler en mars 2025. Avec seulement 400 millions d’euros de dépôts nets, il enregistre son plus mauvais mois de mars depuis 2016 (310 millions d’euros). La comparaison est saisissante : en mars 2024, le Livret A avait attiré 1,53 milliard d’euros, et en mars 2023, pas moins de 4,17 milliards d’euros.
 

Ce ralentissement n'est pas un épiphénomène. Depuis le début de l’année 2025, la collecte montre une nette décélération : 350 millions d’euros en janvier, 940 millions en février, et donc 400 millions en mars. Sur l’ensemble du premier trimestre, le Livret A affiche une collecte cumulée de 1,73 milliard d’euros, très loin des 8,91 milliards du premier trimestre 2024.
 

Malgré cette dynamique ralentie, l’encours du Livret A atteint un nouveau record, culminant à 444,2 milliards d’euros en mars 2025, confirmant la solidité de l’épargne française.
 

LDDS : une meilleure résistance que le Livret A
Le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) tire mieux son épingle du jeu. En mars, sa collecte s’établit à 610 millions d’euros, un niveau proche de celui de février (640 millions) mais en retrait par rapport à mars 2024 (910 millions).
 

Sur le premier trimestre, le LDDS cumule 1,81 milliard d’euros, contre 2,92 milliards sur la même période l’an dernier. Sa collecte en mars reste toutefois proche de sa moyenne décennale (700 millions d’euros), et surtout, aucune décollecte n’a été observée, ce qui souligne la confiance persistante des épargnants.
L’encours total du LDDS franchit également un sommet historique : 162,4 milliards d’euros.
 

LEP : ralentissement marqué mais encours record
Le Livret d’Épargne Populaire (LEP), très prisé en 2023 et 2024, voit lui aussi sa dynamique se tasser. En mars 2025, la collecte s’élève à 140 millions d’euros, en fort recul par rapport à février (350 millions) et surtout face à mars 2024 (950 millions).
 

Malgré ce ralentissement, le LEP continue de croître en stock : son encours atteint 82,8 milliards d’euros, établissant un nouveau record historique.
 

Plusieurs facteurs derrière la normalisation de l’épargne
Trois phénomènes principaux expliquent cette décrue de la collecte réglementée :
• Baisse des taux de rémunération : Depuis l’annonce du passage du taux du Livret A de 3 % à 2,4 %, les ménages sont moins enclins à y placer leur épargne.
• Attrait retrouvé pour d’autres placements : L’assurance vie, en particulier, connaît un excellent début d’année 2025, profitant du repli des taux courts et de la désinflation.
• Crainte de la "mobilisation forcée" de l’épargne : Certaines rumeurs évoquant l’utilisation de l’épargne pour financer la défense nationale ont pu refroidir les ardeurs des épargnants.
 

Autre explication structurelle : le nombre de Livrets A plafonnés (atteignant le plafond maximal de 22 950 euros) a considérablement augmenté ces dernières années (environ 13 % des comptes), limitant mécaniquement la capacité de collecte supplémentaire.
 

Pas de report massif vers la consommation
À ce stade, la baisse de la collecte sur les livrets réglementés ne semble pas se traduire par un boom de la consommation. L’épargne demeure élevée, les Français préférant diversifier leurs placements plutôt que de consommer davantage.
 

Vers une nouvelle baisse du taux du Livret A cet été
Le 1er août 2025 devrait marquer une nouvelle baisse du taux du Livret A. Les deux composantes de son calcul — l'inflation et le taux ester à court terme — sont toutes deux orientées à la baisse.
 

D’après les projections fondées sur les données du premier trimestre, le taux du Livret A pourrait passer de 2,4 % à 1,7 %. Une baisse qui serait cohérente avec la désinflation observée (inflation à 0,8 % en février et mars) et la politique monétaire assouplissante de la Banque centrale européenne.
 

Concernant le LEP, dont la rémunération est également indexée, son taux pourrait chuter de 3,4 % à 2,3 %. Toutefois, le gouvernement ayant parfois contourné les règles de calcul pour privilégier l’épargne populaire, une baisse moins brutale pourrait être envisagée pour ce produit spécifique.